

CIJ: Israël utilise le blocage de l'aide comme "arme de guerre" à Gaza, selon le représentant palestinien
Le représentant de l'Etat de Palestine a affirmé lundi devant la Cour internationale de justice (CIJ) qu'Israël utilisait le blocage de l'aide humanitaire comme "arme de guerre" à Gaza, alors qu'a débuté à La Haye une semaine d'audiences consacrées aux obligations humanitaires d'Israël envers les Palestiniens.
Israël, qui ne participe pas aux audiences de la CIJ, a immédiatement riposté, qualifiant les audiences de "persécution systématique".
La Cour internationale de justice, située à La Haye (Pays-Bas), a ouvert la semaine d'audiences plus de 50 jours après l'instauration d'un blocus total sur l'aide entrant dans la bande de Gaza ravagée par la guerre.
"Toutes les boulangeries de Gaza soutenues par les Nations unies ont été contraintes de fermer leurs portes. Neuf Palestiniens sur 10 n'ont pas accès à l'eau potable", a déclaré lundi Ammar Hijazi, représentant de l'État de Palestine auprès des organisations internationales, lors de l'ouverture de l'audience.
"Les locaux des Nations unies et d'autres agences internationales sont vides... La faim est ici. L'aide humanitaire est en train d'être utilisée comme une arme de guerre", a-t-il ajouté devant les juges de la CIJ.
S'exprimant à Jérusalem, le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, a affirmé que l'affaire "s'inscrit dans le cadre d'une persécution et d'une délégitimation systématiques d'Israël".
"Ce n'est pas Israël qui devrait être jugé. C'est l'ONU et l'UNRWA" (agence d'aide des Nations unies aux Palestiniens), a-t-il déclaré aux journalistes.
Israël a promulgué une loi interdisant à l'UNRWA d'opérer sur le sol israélien, après avoir accusé certains membres du personnel de l'agence d'avoir participé à l'attaque perpétrée par le mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre 2023, qui a déclenché le conflit.
Des enquêtes indépendantes indiquent qu'Israël n'a pas fourni de preuves concernant ces allégations.
- "De toute urgence" -
En décembre, l'Assemblée générale des Nations unies avait adopté à une large majorité une résolution, présentée par la Norvège, demandant à la CIJ de rendre un avis consultatif "à titre prioritaire et de toute urgence".
La résolution demande à la CIJ de clarifier ce qu'Israël est tenu de faire concernant la présence de l'ONU, de ses agences, d'organisations internationales ou d'Etats tiers pour "assurer et faciliter l'acheminement sans entrave des fournitures urgentes essentielles à la survie de la population civile palestinienne".
Israël contrôle tous les flux d'aide internationale, vitale pour les 2,4 millions de Palestiniens de la bande de Gaza frappés par une crise humanitaire sans précédent, et les a interrompus le 2 mars dernier, quelques jours avant l'effondrement d'un fragile cessez-le-feu après 15 mois de combats incessants.
Les avis consultatifs de la CIJ ne sont pas juridiquement contraignants, mais celui-ci devrait accroître la pression diplomatique sur Israël.
Selon les Nations unies, environ 500.000 Palestiniens ont été déplacés depuis la fin du cessez-le-feu de deux mois.
Israël a repris ses attaques aériennes et terrestres le 18 mars, déclenchant ce que les Nations unies ont décrit comme "probablement la pire" crise humanitaire du territoire depuis le début de la guerre.
Les attaques du Hamas le 7 octobre 2023 contre Israël avaient causé la mort de 1.218 personnes du côté israélien, essentiellement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les chiffres officiels israéliens.
Les représailles militaires d'Israël ont depuis tué au moins 52.243 personnes à Gaza, là encore majoritairement des civils, selon les chiffres du ministère de la Santé du territoire, considérés fiables par l'ONU.
Au moins 2.111 Palestiniens ont été tués depuis le 18 mars.
Les responsables israéliens répètent que la pression militaire est le seul moyen de contraindre le Hamas à libérer les 58 otages encore détenus à Gaza, dont 34 sont morts, selon l'armée israélienne.
En janvier 2024, la CIJ avait sommé Israël de prévenir tout éventuel acte de génocide et de permettre l'accès de l'aide humanitaire à Gaza. En mars 2024, elle avait réclamé de nouvelles mesures israéliennes face à "la famine qui s'installe" dans le territoire palestinien.
En juillet dernier, la CIJ avait aussi rendu un avis consultatif jugeant "illégale" l'occupation israélienne des Territoires palestiniens, exigeant qu'elle cesse dès que possible.
K.Parker--VC